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27 janvier 2024

B... comme Blanche Monnier, la séquestrée de Poitiers

Blanche Monnier

 

Blanche Monnier est née le 1er mars 1849 à Poitiers et morte le 13 octobre 1913 à Blois. Elle est connue pour avoir été secrètement enfermée par sa famille pendant 26 ans. Elle a grandi dans une famille de la bourgeoisie royaliste, son père, Charles-Emile Monnier était ancien doyen de la Faculté de Lettres. Blanche était d’une beauté remarquable et faisait l’objet de beaucoup d’admiration de la part d’un certain nombre de prétendants.  

Le 23 mai 1901, à la suite d’une dénonciation par lettre anonyme, le procureur général de Poitiers ordonne une perquisition chez Madame veuve Louise Monnier, la mère de Blanche au 21 rue de la Visitation.

 

Blanche Monnier 2

 

Blanche Monnier fut découverte, à l'âge de 52 ans par un commissaire, accompagné de trois policiers, ligotée sur son lit, sous-alimentée et dans un état de faiblesse extrême. L'affaire suscite un émoi considérable après la parution du journal L'Illustration du 1er juillet 1901, affichant la photo de Blanche Monnier, amaigrie avec une chevelure particulièrement abondante. Selon Pierre Bellemare "Nouvelles histoires extraordinaires du 28 septembre 2017" la photo aurait été retouchée pour respecter les normes relatives à la pudeur de l'époque. Rapidement une rumeur locale émet l'hypothèse que les motivations de cette séquestration sont liées à une histoire d'amour avec un avocat républicain, Maître Victor Calmeil à laquelle ne consent pas la famille Monnier qui est profondément royaliste. Le père, Charles-Émile, avait été révoqué de son poste de doyen de la faculté des lettres de Poitiers au moment de la crise du 16 mai 1877.

Jean-Marie Augustin, historien de l'université de Poitiers, fait paraître en 2001 "L'histoire véridique de la séquestrée de Poitiers". Il avance une instrumentalisation de ce fait divers par la presse quotidienne dans un contexte politique particulièrement clivant entre les partis politiques républicains et royalistes. En enquêtant sur les éléments du procès, il avance que la "séquestration forcée" est plus nuancée en s'appuyant sur les habitudes et moeurs de la famille Monnier et les témoignages des domestiques.

Dans un documentaire dédié à cette affaire, l'écrivaine Viviane Janouin avance que Blanche aurait eu un enfant de cette union clandestine, et que les parents l'auraient fait disparaître et enterré dans le jardin. Cette version est contestée par Jean-Marie Augustin qui affirme que, selon son enquête, la version la plus probable est que Blanche Monnier était atteinte de troubles mentaux et psychiques, probablement d'anorexie. Sa mère, Louise Monnier, refusait de l'interner dans un asile psychiatrique, par malveillance et par crainte de ternir l'honneur et la réputation de la famille.

 

Louise Monnier

 

Louise Monnier est arrêtée et décède en prison peu de temps après son arrestation, le père Charles-Emile Monnier étant mort en 1882, seul le frère de Blanche, Marcel Monnier, ancien sous-préfet au temps de l'Ordre moral, est jugé dans cette affaire. Le premier procès aboutit au jugement du 11 octobre 1901 du tribunal correctionnel de Poitiers à sa condamnation à quinze mois de prison pour complicité d'actes de violence (la notion de "non-assistance à personne en danger" était inexistante dans le code pénal de 1810). Sa responsabilité étant atténuée compte tenu de l'emprise et la domination excessive de la mère dans la vie familiale. Il est relaxé un mois plus tard en appel en novembre 1901. Ce second procès relatif à la commission par omission met en évidence que Blanche souffre de troubles mentaux (anorexie hystérique, coprophilie, exhibitionnisme, schizophrénie). Lors du procès, les témoignages des servantes justifient leur indifférence par le fait que Blanche Monnier était considérée au sein du domicile familial comme une malade "incurable" et l'administration des soins était inutile. Ses crises nerveuses s'étaient aggravées après le décès du père, puis celui en 1896 de la bonne qui lui administrait les soins élémentaires au quotidien. La cour considère que la mère gardait l'autorité sur sa fille (malgré la pension qu'elle versait à Marcel pour veiller sur sa soeur). Par conséquent, la responsabilité directe du frère pour violence et voie de fait par omission ne peut être établie car ce délit exige un comportement actif (acte de violence), l'omission (défaut de soins, défaut de surveillance, etc...) ne pouvant être assimilée à une violence active qui devait toujours être un fait de commission selon l'article 311 du code pénal. Le tribunal blâme cependant le comportement de Marcel à l'égard de sa soeur. A l'issue de ce procès, Marcel vend tous les biens de la succession de sa mère (à l'exception de la maison sise au 21, rue de la Visitation) et se retire à Ciboure dans les Pyrénées-Atlantiques, conservant une maison de campagne à Migné où il décède en juin 1913.

 

Blanche Monnier 1

 

Blanche a été emmenée à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu où elle a été nourrie et baignée et s’est épanchée joyeusement sur le fait que c’était agréable d’être propre et qu’elle était reconnaissante d’être libre. Par la suite elle sera internée à l'hôpital psychiatrique à Blois durant plus de dix ans, où elle décédera le 13 octobre 1913.

En 1930, l'écrivain André Gide s'inspire de ce fait divers sous la chronique judiciaire "La Séquestrée de Poitiers" en modifiant les noms des protagonistes et pour dénoncer les principes de la bourgeoisie de l'époque.

Source : Notamment Wikipédia

 

 

 

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