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3 mars 2024

V comme... Valence : la bousculade de la salle Sainte-Madeleine en 1919

La salle Sainte-Madeleine (photo prise en 1970 - Fonds Mémoire de la Drôme). La salle Sainte-Madeleine vue depuis la façade principale. Le 1er juin 1919, des femmes ont sauté des étages avec leurs enfants pensant échapper à un incendie. C’est en réalité la pellicule du film qui avait pris feu et la flamme avait été éteinte.

Le récit 

Ce dimanche 1er juin 1919, après la messe et une procession joyeuse, la foule se presse à la salle Sainte-Madeleine, à Valence, construite six ans plus tôt. Cet imposant édifice est l’un des plus grands de France avec ses 1600 m2 pouvant contenir 6000 personnes, et il sert à des représentations théâtrales, des réunions et des conférences diverses. Cette fois-ci, il a été aménagé pour la projection de “films artistiques”, organisée à 15h par l’évêque, Mge de Gibergues, en hommage à Jeanne d’Arc dont on fête la Sanctification. La salle est presque pleine et le public se répartit entre le parterre et les trois étages de galeries (les deux derniers sont accessibles gratuitement), qui sont accessibles via quatre escaliers tournant à angles droits, larges d’un mètre cinquante et aboutissant au dehors. On estime que 4 000 personnes environs sont présentes, en majorité constitué de femmes et d’enfants, 3 200, contre seulement 800 hommes. Le quotidien catholique "Le Messager de Valence" appelle la population à participer à cette grande manifestation, précisant que l’entrée est gratuite.

A 16h30 la diffusion touche à sa fin quand survient un incident technique. La pellicule vient de prendre feu. La flamme est très vite éteinte, mais il est déjà trop tard. La lueur de l'étincelle a été projetée à l'écran. "Au feu ! Sauve qui peut !" s'écrit alors quelqu'un. Et la panique s'empare de la foule, le mal est fait ! Une grande partie du public, surtout dans les étages cherche à fuir au plus vite. Au parterre, les religieuses seules gardent leur calme et interdisent aux enfants de sortir, ce qui leur sauvera la vie. L’opérateur a beau crier que tout va bien, que le film va reprendre, l’évêque a beau demander à l’orchestre de jouer la Marseillaise pour calmer la foule déchainée, mais rien n’y fait : dans les étages, ce qui suit est indescriptible.

Tout le monde cherche à atteindre la sortie (il n’y a pas de sorties de secours comme aujourd’hui) : les gens se bousculent, tombent dans les escaliers bondés ou sautent par les fenêtres, s’entassent les uns sur les autres. Les fuyards restent aussi bloqués aux portes, qui s’ouvrent uniquement vers l’intérieur… Les plus frêles, femmes et enfants de tous âges notamment, sont vite piétinés et étouffés. 136 personnes perdent la vie dont 96 enfants. Quelques-uns succomberont à leurs blessures dans les jours qui suivent. Ce n’est que vers huit heures du soir que la salle sera totalement évacuée, de nombreuses personnes dirigées vers l’hôpital et les cadavres alignés sur le parvis. 

Le mercredi 4 juin 1919, Valence rend hommage aux victimes. Au Champs de Mars, les cercueils sont alignés. Un long cortège se rend au cimetière Saint Lazare où a été érigée une stèle commémorative qui représente un ange portant une couronne à la main. Monseigneur Emmanuel Martin de Gibergues, mourra de chagrin le 28 décembre 1919. Contre toute réalité, on persiste à évoquer la façade noircie par l’incendie de la salle Sainte-Madeleine, alors qu’il n’y a jamais eu d’incendie. Un service anniversaire sera célébré solennellement à la cathédrale le mardi 1er juin 1920. Les prêtres du diocèse sont invités ainsi que les communautés religieuses, les enfants des écoles et tous les fidèles.

La salle Sainte-Madeleine

En 1913, Mgr de Gibergues décide de la construction à Valence, entre le cours Voltaire et la voie ferrée, d’une grande salle de spectacle. C’est une des premières salles de cette ampleur en France.
Ce théâtre pouvait accueillir 6000 spectateurs et sa scène rivalisait avec celle du Chatelet à Paris.
L’évêché de Valence, maître d’œuvre l’avait fait construire pour abriter les grands congrès diocésains et y programmer quelques spectacles édifiants. 

La salle comprenait quatre galeries et un immense parterre. Grâce aux bancs de bois on pouvait facilement y contenir plus de 6 000 personnes. La scène, l’une des plus vastes de France, pouvait recevoir trois cents personnes et même des animaux. Le peintre Louis Ageron avait réalisé le rideau de scène. L’énorme quadrilatère était l’œuvre de l’architecte Ernest Tracol, 1656 mètres carré au sol, 20 mètres de hauteur, trois galeries. Achevée en 1914, elle sera inaugurée en mai 1919. 
Cette salle sera fermée jusqu’en 1930. Elle servira de refuge aux troupes armées. Elle fut occupée par l’autorité militaire dès le début de la Première Guerre mondiale, elle sert d’abri à environ huit cents artilleurs. Puis, elle a aussi été réquisitionnée durant la Seconde Guerre mondiale vers 1944.
La sécurité n’était plus suffisante. Vers 1960, la ville de Valence l’achète et la démolit vers 1982, pour faire un grand parking, c’est la place Chamfort, rue du Clos Gaillard.

​​​​​​​Source : Geneanet - La bousculade de la salle Sainte-Madeleine à Valence et Archives historiques du diocèse de Valence

 

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